La chapelle dite de Warth

La chapelle dite Wartkapelle se situe à l’est du village de Winkel, adossée à un rocher sur le site de l’ancienne Grange que possédait l’abbaye de Lucelle(XIIesiècle) ; cette grange étant la Maison des recettes du couvent commune aux villages des alentours.

La date de première construction n’est pas connue, vraisemblablement faisait-elle partie de la dite Grange.

La chapelle a été incendiée par les Armagnacs(1444-1445) et reconstruite aux environs de 1460 par le couvent de Lucelle.

D’abord dédiée à la Vierge puis à Saint Sébastien, elle fut placée sous le vocable de Saint Georges en 1591.

Divers travaux furent exécutés par le passé mais on ne possède cependant aucune indication sur des restaurations éventuelles effectuées entre le 16eet le 20esiècle.

La chapelle a été restaurée en 1956 et dédiée à Marie, Reine du Monde.

De nouveaux travaux de restauration ont été accomplis en 2019 et 2020.

Le nom de Wartkapelle est du à un malentendu. En 1361, le chevalier Rodolphe de Wart, bailli de Zurich, fait un don à l’abbaye de Lucelle pour célébrer une messe quotidienne à l’autel de son choix pour son salut et celui de ses ascendants.

Avec cette somme, les religieux achetèrent des grands près à Winkel désormais appelés Wartmatten, prés situés en contrebas de la Chapelle qui en prend le nom, d’où l’idée fausse que c’est un Wart qui l’a fondée.

Selon la légende, elle serait liée à la fin tragique du chevalier Rodolphe de Wart(le père de celui cité plus haut), complice du parricide Jean de Souabe qui fut l’un des assassins d’Albert 1er de Habsbourg. Rodolphe de Wart fut condamné à mort et subit le supplice de la roue.

La veuve de ce dernier décida d’élever une chapelle afin d’obtenir le pardon divin pour le crime de son mari défunt et de l’y inhumer dignement. Mais Agnès de Hongrie, fille d’Albert 1er, l’empêchait de rassembler les pierres nécessaires pour la construction. On dit que dès le soir tombé, un spectacle étrange se déroule près de la Chapelle ; on y voyait Adelaïde, la veuve de Rodolphe, transportant des pierres pour la sépulture de son époux.Trois cents blocs étaient nécessaires mais à cause des manœuvres d’Agnès, elle ne parvint jamais à en rassembler plus d’une centaine. Un soir les habitants de Winkel assistaient à leur conflit ; ils virent des vapeurs s’élever au dessus de la Source de l’Ill. Ces vapeurs prirent la forme de deux femmes, l’une gémissant et suppliant, l’autre criant vengeance.

Adelaïde implorait en vain Agnès de la laisser ériger le sépulcre, Agnès lui répondit qu’elle ne cesserait de la tourmenter. Alors s’éleva un long gémissement de Rodolphe, désespéré de n’avoir toujours pas de sépulture.

La cloche de la Chapelle, la «Susannel» date de 1662.

D’un poids d’environ vingt kilos, elle doit sa survie à sa légèreté.

Lors de la révolution, elle fut démontée et emportée pour être fondue. Mais pendant que les charretiers étanchaient leur soif avec du vin, des villageois s’emparèrent de leur cloche et l’enterrèrent pour la récupérer plus tard.
Cette même cloche, au début de la 2nde guerre mondiale, a été démontée et cachée de nuit dans une fosse à purin, pour ne pas tomber aux mains des allemands.

« Suzanne heisi, s’besa Wetter vertreibi, Zia mi in der Zitt a, dass ich s’bessa Watter vertribaka »

Petit dicton du coin qui nous explique qu’à l’annonce d’un orage, un petit coup de cloche de cette chapelle de Warth à Winkel, et l’orage allait s’abattre un peu plus loin…